Visiter un seul monument, sans bouger ou presque. L'examiner minutieusement pour en apprécier toute la saveur, toute la beauté, toute l'histoire. Installez-vous à un endroit. Éventuellement déplacez-vous une ou deux fois pour changer d'angle, mais pas plus. Vous êtes là pour contempler. Ne partez pas avant de vous être immergé dans les formes, les couleurs, l'harmonie dans l'agencement des pierres, des moulures, des mosaïques, des ferrures... Prenez le temps d'apprécier la vue d'ensemble ou de zoomer sur chaque détail. Humez l'atmosphère du bâtiment. Racontez-vous son histoire ou imaginez-la. Fermez les yeux pour mieux le voir. Rouvrez-les pour l'observer encore mieux. Imprégnez-vous en profondeur. Jusqu'à devenir ce monument.
A savoir
On peut rencontrer localement l'appellation « Flâneries immobiles ». Ne vous méprenez pas : il s'agit rigoureusement de la même pratique.
En pratique
Votre équipement :
Peignoir de flânerie et tongs de saison
Une paire de jumelles
Une chaise pliante confortable ou une chaise-longue pour les bâtiments très hauts (indispensable au-delà de 5 étages)
Une documentation volumineuse sur le monument visé
Selon la météo : parasol, crème solaire, parapluie, cache-nez...
Durée :
Jamais moins de 2 heures.
Idéalement, restez-y du lever au coucher du soleil, pour apprécier les variations de couleur et de lumière sur la façade qui vous occupe.
Votre entraînement :
La flânerie statique est une discipline exigeante. On ne se lance pas sans avoir accompli quelques étapes de préparation, d'entraînement et d'échauffement. Sans quoi vous courez différents risques plus ou moins graves mais forcément fâcheux pour votre bien-être : l'ennui, l'endormissement, le gobage d'insectes, le torticolis, pour ne citer que les plus fréquents.
Nos conseils
Pratiquez intensément les visites guidées.
Abonnez-vous à une revue d'architecture.
Plongez-vous dans les « dossiers inventaires » très bien faits de notre partenaire la Route des Villes d'eaux du Massif central sur l'histoire locale.
Fréquentez assidûment les bibliothèques autorisant le port du peignoir (grâce à notre action, elles sont de plus en plus nombreuses ; liste disponible sur demande auprès de nos services)
La veille de la flânerie : préparez à l'avance tout votre équipement, consultez la météo, passez trois heures au moins dans un complexe sauna-jacuzzi-bain à bulles.
Le matin de la flânerie : mangez suffisamment léger mais pas trop quand même ; étirez-vous, échauffez-vous, faites une longue série de respirations lentes. Voir nos rubriques Journée type 1 et Journée type 3 .
Pendant la flânerie :
Faites des pauses (méditation, sieste , relaxation...).
Hydratez-vous régulièrement, de préférence avec les eaux minérales locales pour renforcer le sentiment d'harmonie.
Prenez des notes sur vos impressions, vos ressentis, votre parcours d'observation, vos questionnements (le recours au smartphone étant proscrit, vous aurez besoin de vérifier ultérieurement quelques informations)...
Essayez-vous au croquis si vous en ressentez la nécessité (mais cela ne doit pas constituer l'essentiel de votre activité en flânerie, sinon vous passez dans une autre catégorie).
Immédiatement après, anticipez la décompression grâce à un bain bouillonnant, un masque décontractant-hydratant, une collation légère. Ne lésinez pas sur le réglage de la température ambiante idéale, l'éclairage et l'atmosphère musicale.
Mettez vos notes en ordre, vérifiez ou recherchez ce qui vous a manqué.
Organisez des conférences pour vos amis intéressés, à la condition expresse qu'ils en formulent la demande.
Quel flâneur êtes-vous ? Pour aller plus loin, apprenez à vous connaître à travers le test « Quel flâneur êtes-vous ? »
La gare de Néris-les-Bains sous toutes ses coutures
Pour se lancer dans une flânerie statique, la phase des préparatifs est primordiale, car il convient notamment de rassembler la documentation la plus importante possible sur l'édifice : son histoire, son esthétique, ses fonctions, son environnement, ses tenants et aboutissants... Pour mieux comprendre, nous vous proposons ici un exemple de documentation, avec un édifice remarquable de la ville thermale de Néris-les-Bains : son ancienne gare
Une arrivée tardive
La gare fut un élément important de développement des stations thermales, dont beaucoup étaient difficiles d'accès, en montagne, loin des grandes zones urbaines. Le développement du chemin de fer a d'ailleurs été concomitant avec la montée de la « fièvre thermale », dans la deuxième moitié du XIXe siècle et la première du XXe siècle.
Une histoire bien courte
C'est donc à cette époque que la gare de Néris est enfin construite : à 348 mètres d'altitude, au point kilométrique (PK) 335,387. Mise en service en 1932, elle est la dernière gare à vocation spécifiquement thermale réalisée en France.
Un édifice monumental
Est-ce pour compenser l'arrivée tardive du train dans la station thermale que la Compagnie du Paris-Orléans l'a dotée d'une gare aussi majestueuse ? Cette monumentalité, en tout cas, contraste singulièrement avec la brièveté de sa vocation ferroviaire. Elle lui a cependant valu d'être inscrite aux Monuments historiques, par arrêté du 29 octobre 1975, pour les façades et toitures.
La gare après la gare
Le 4 février 1975, l'ancienne gare est acquise par la commune, pour 205 000 Francs. Après quelques travaux, elle devient salle polyvalente et est dénommée Le Pavillon du Lac, inauguré le 15 juillet 1975.