Histoire

De l'Antiquité à l'époque Moderne : l'ancienneté du phénomène

« Le bonheur date de la plus haute Antiquité. Il est quand même tout neuf, car il a peu servi. »
Alexandre Vialatte

La pratique du bien-être extrême est ancienne, bien plus ancienne que le peignoir. Nos historiens en ont recensé de nombreuses traces. Voici un florilège de leurrs plus étonnantes découvertes.

Entre le 7e siècle avant notre ère et le 4e après : invention et expansion de la toge

On ne peut pas à proprement parler de peignoirisme ou d'Accros du Peignoir avant la mise au point du peignoir . Cependant il est indéniable que l'époque romaine a vu le développement d'un phénomène tout à fait comparable. Il se traduit par deux faits tout à fait avérés : l'invention des bains romains, version archaïque mais déjà très aboutie de ce qui deviendra le thermalisme ; et la mise au point, puis la généralisation spectaculaire, d'un vêtement que l'on peut légitimement considérer comme l'ancêtre du peignoir : la toge.
Inspirée par un vêtement d'origine étrusque mais largement perfectionnée par les stylistes latins, ce vêtement ample et blanc se caractérise par le principe du drapé. D'où l'on peut conclure qu'il avait la double fonction de peignoir et de drap de bain, que nous avons aujourd'hui attribué à deux pièces d'étoffe différentes.
Quant à savoir laquelle des deux options ? le deux-en-un des Romains ou la spécialisation textile contemporaine ? est la plus pratique, les experts n'ont pas encore tranché la question. Mais nous suivons de près les débats sur ce sujet, qui préoccupe aussi bien des chercheurs en physique que des philosophes du quotidien.

Toujours est-il que l'Empire romain a su répandre dans de larges espaces géographiques de nombreuses pratiques dans lesquelles nous reconnaissons celles d'authentiques précurseurs du bien-être extrême :

  • la généralisation des bains à grande échelle dans tout l'empire (la seule ville de Rome comptait 856 bains au IVe siècle),
  • la pratique des repas où les convives sont allongés sur de confortables méridiennes,
  • l'invention de la tong de piscine (comme en atteste une mosaïque de Sabratha en Lybie),
  • l'usage proliférant de la mosaïque dans l'architecture,
  • l'absence totale de montres, horloges ou autres instruments précis de mesure du temps, même après la conquête de l'Helvétie.

En se fondant sur ce réseau de faits troublants, l'historiographie récente a mis en lumière la possibilité d'une pandémie comparable au phénomène contemporain. Bien qu'il soit anachronique de parler d'addictologie du Peignoir ? celui-ci n'ayant jamais été attesté pour cette période ? il semble de plus en plus probable qu'il se soit agi de la même pathologie.

Cette nouvelle révélation nous remplit d'espoir car si elle était confirmée, cela nous ouvrirait de nombreuses clefs pour comprendre notre époque, le développement de notre mouvement et ses évolutions probables. Comme c'est excitant !

138 après JC : invention de la baignoire

Le styliste gallo-romain Nerius est à deux doigts d'inventer le peignoir thermal. Malheureusement, par une malencontreuse erreur de formulation, il met au point la baignoire thermale, qui trouvera tout de même un usage pratique et durable.
On peut encore voir les premiers résultats de ses recherches à Néris-les-Bains. Pour le peignoir, il va encore falloir patienter de longs siècles.

Il est à noter que la Gaule romaine adopte très vite les us et coutumes balnéaires de son conquérant. Malgré leur caractère belliqueux, énergique, musclé, nerveux, pour ne pas dire névrotique, les Gaulois manifestaient quelques signes de prédisposition au bien-être. Notamment les peuples du Massif central ? Arvernes, Éduens, Vellaves, Ruthènes, Lémovices et Gabales ? avaient une excellente connaissance des sources et eaux thermales , qu'ils associaient au dieu Borvo, l'une des figures majeures de leur Panthéon.

Les replis du Moyen-Âge

Après la paix romaine (pax romana), la période médiévale apparaît comme une ère de fureurs et de violences, avec des envahisseurs, des guerres, des armées et des armures. La France se couvre de châteaux forts froids et sombres. La toge et la chaise longue disparaissent. Les bains sont un lointain souvenir. L'épidémie des Accros antiques disparaît brutalement.

Cependant çà et là, quelques persistances subsistent. Dans les villes, la pratique des étuves ne s'avère pas systématiquement liée aux seuls besoins d'hygiène. Et surtout, c'est la grande période des grands pèlerinages. De Saint-Gilles à Saint-Jacques, de Vézelay au Puy-en-Velay, l'on marche beaucoup dans le Massif central. Des itinéraires lents et fervents se dessinent, massivement suivis par les fidèles. Comment ne pas y déceler les prémisses de la Trans-Bien-Être qui nous est si chère ?

Époque moderne

Rien. Époque de frénésie qui ne nous inspire vraiment pas, désolé.

Les grands précurseurs

  • Archimède : a passé tant de temps dans sa baignoire qu'il en a tiré de très subtiles lois de la physique du bien-être, fondées sur le plaisir de la flottaison et la sensation d'apesanteur.
  • Boileau et La Fontaine : deux grands auteurs philosophiques de la sérénité distanciée, aux noms prédestinés.
  • Voltaire : vit en robe de chambre ; invente le fauteuil confortable.
  • Marat : premier martyr du peignoirisme ; son art de barboter dans le bain lui a coûté la vie.

Et après ? Comment est-on entré dans l'Ère du bien-être extrême ? Découvrez-le dans un nouvel épisode de notre saga historique : « XIXe siècle : l'irrésistible explosion »

Antiques sources du Massif central

Le thermalisme remonte à l'Antiquité, y compris dans le Massif central. Il s'y est répandu à partir de pratiques purement gauloises, mais profondément transformées et perfectionnées par l'apport romain.

Des eaux miraculeuses

Cela fait bien longtemps que les sources sont réputées bienfaitrices. Dans notre région, beaucoup d'entre elles étaient déjà connues des Gaulois.

Des eaux sociales

Les Romains, quant à eux, vont s'inspirer de la médecine grecque. Celle-ci savait dès le IIIe siècle av. J.-C. traiter avec efficacité les maladies dues aux excès de table par les eaux thermales.

Des eaux médicales

Ces pratiques sont introduites en Gaule après la conquête mais se développent surtout à partir de la deuxième moitié du premier siècle de notre ère, au moment où l'élite locale est suffisamment développée et où la romanisation se parachève.